Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/323

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pagné d’un grand nombre de partisans et de détracteurs. Il rencontra dans les salles de travail deux cents détenus qu’on lui laissa examiner, sans lui rien dire de la nature de leurs fautes. Gall leur trouva à un degré considérable l’organe du vol. On répondra à cela qu’il ne faut pas être sorcier pour deviner des voleurs dans une prison ; mais notre philosophe détermina en outre ce qui est plus difficile, les motifs qui les avaient poussés à commettre ces vols. Il y avait aussi d’autres détenus arrêtés pour d’autres causes ; il les distingua aussitôt. « Vous ne devriez pas être ici, » témoigna Gall en s’adressant à une honnête femme qu’on avait confondue par mégarde ou avec intention parmi les voleuses. Ayant manié la tête d’un jeune homme nommé Kunow, le docteur s’écria avec émotion : « Le malheureux ! c’est sa nuque qui l’a perdu ! » Kunow avait été condamné pour débauche infâme, Gall donna beaucoup d’autres signes d’une lucidité presque effrayante qui intimidait les défauts cachés jusque dans l’antre le plus ténébreux du cœur humain. Une jeune Allemande d’une bonne famille et d’une figure agréable, se trouvant ce soir-là dans une société où Gall continuait ses expériences, refusa de soumettre sa tête au toucher du docteur. Cette répugnance étonna, car tout le monde au contraire montrait le plus vif empressement à défier les lumières du savant. Quoique cette jeune personne eût été parfaitement élevée, Gall soupçonna chez elle quelque défaut occulte. Ayant réussi à se procurer sur elle par fraude l’empreinte de certains contours cérébraux qu’une abondante chevelure couvrait, comme à dessein, de