Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/357

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nature, qui avait donné ce penchant aux hommes et aux peuples pour les affranchir de l’esclavage que d’autres organes tendent à faire peser sur eux.

Quelquefois le sentiment de l’orgueil s’associe à l’organe destructeur et à d’autres propensions farouches. Il en résulte ce qu’on nomme dans la langue des partis un homme d’action. Agir en pareil cas, c’est tuer. Le masque du fameux George Cadoudal offre un exemple de cette brutale combinaison. On lit au bas : « Les organes de l’instinct carnassier, de la rixe, de la ruse, de l’amour physique et des rapports de l’espace, sont très développés. » On sait que la vie de ce Vendéen est le tableau animé de tous ces penchans mis en action. George était fils d’un meunier. La guerre civile lui offrit l’occasion de dessiner son caractère. Il devint le seul général en chef de l’armée royaliste qui ne fût pas gentilhomme. Depuis longtemps il s’était fait connaître, dans la chouannerie, par sa force et son courage. Son aptitude à calculer les distances et à se reconnaître dans les pays perdus tenait du prodige. C’était une de ces natures remuantes et belliqueuses qui s’obstinent à rejeter la paix. Quand la Vendée fut soumise, George se glissa de la guerre civile dans les complots. Il était depuis quelques semaines à Paris, où il préparait une attaque à main armée contre la vie de l’empereur. Traqué par la police comme une bête fauve, il allait de retraite en retraite. Enfin, voyant que son dernier asile était découvert, il essaya de prendre la fuite en cabriolet. Son cheval fut arrêté près du Luxembourg. C’était le moment de déployer tout son caractère. George dé-