tait Gall avec tristesse, l’hygiène morale est presque encore tout entière à créer. Le professeur hasardait en même temps, sur le crâne de ces voleurs-nés, une foule de considérations très ingénieuses. Il peut se faire, résinait-il, que des natures mal conformées ne se livrent point à leurs penchans pour le vol, si le hasard leur a ménagé dans la société une part d’aisance convenable. L’organe réprimé par la volonté, si faible qu’elle soit, par les usages du monde et par la crainte du déshonneur, pourra malgré sa tendance, ne commettre aucun acte infamant. Mais, qu’au lieu de œla le besoin pousse, que l’occasion naisse, et voilà que l’attrait naturel, abandonné à toute sa violence, provoqué même, se satisfera avidement au mépris de toutes les lois. Le penchant au vol s’associe quelquefois à l’aisance et à de hautes facultés intellectuelles ; mais dans ce cas-là l’individu, ne dérobant qu’avec l’intention de rendre, se laisse entraîner sans crainte à sa nature. Un grand musicien de notre temps est sujet à commettre de ces larcins insignifians que l’indulgent Spurzheim nomme chez les personnes riches, et de bonnes mœurs des distractions. Ôtez maintenant à cet homme ses facultés, sa fortune, ses sentimens moraux, et vous aurez un des obscurs malfaiteurs qui viennent s’asseoir tous les jours sur les bancs de la cour d’assises.
À côté, ou pêle-mêle avec les voleurs, se détachent dans les armoires les pâles figures d’assassins. Voici Boutiller, nature grossière et brutale, tête construite en forme de toit, instinct carnassier très prédominant, intelligence nulle. On sait que Boutiller, après