Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/408

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bles. C’est dans cette perpétuelle métamorphose que réside le secret des divers degrés de l’intelligence chez l’homme et chez les animaux. Que le cerveau soit un organe unique, comme la science incline de nos jours à le penser, ou une réunion d’organes composés entre eux, comme le croyait Gall, la localisation inventée par lui, vraie ou fausse, n’en aura pas moins rendu quelques services à la science de l’homme, en contribuant à déterminer les formes de la tête qui sont en rapport avec certaines dispositions de l’esprit.

Le docteur Gall faisait remarquer sur la tête de l’Apollon du Belvédère, regardée de son temps comme le type de la beauté antique, que le front était trop bas et trop étroit pour loger une âme divine. L’artiste, ajoutait-il, aurait dû donner au dieu de la poésie une capacité cérébrale où l’intelligence fût au moins possible. Il pensait de même de la Vénus de Médicis. Aucune femme, si elle est sage, n’enviera cette figure charmante, terminée par une petite tête incompatible avec les dons sévères de l’esprit. Tout ce qu’il y a à dire, c’est que ces formes de tête sont en rapport avec l’idéal sensuel et borné que les païens se faisaient de la beauté même chez les dieux. Tous les poètes anciens parlent de la petitesse du front comme d’une perfection singulière chez leurs maîtresses. L’abbé Winckelmann, qui voulait appliquer les principes de l’antiquité à l’art moderne, reprochait aux peintres et aux statuaires de son temps de donner trop de front à leurs figures[1]. Or, ces artistes ne faisaient que

  1. Front est ici le mot le plus français et le plus usité, mais le plus impropre ; il faudrait dire les lobes antérieurs du cerveaux : nous verrons, en