Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/47

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prit à cœur de relever une œuvre utile, toute nouvelle, et déjà défaillante. L’éclat de ce nom, le zèle du nouveau surintendant, sa position en cour, tout contribua dès-lors à sauver l’institution. Fagon mourut, c’est la destinée des hommes et des médecins ; la surintendance du Jardin des Plantes passa alors par des mains obscures, mais plus l’état des choses empirait, plus une rénovation devait être jugée nécessaire. La direction du Jardin des Plantes fut retirée aux médecins de la cour, et confiée à Dufay, jeune savant d’un esprit étendu et flexible. L’établissement était retombé, il remonta. Après quelques essais d’administration habile, Dufay, âgé de quarante-et-un ans, penchait à mourir. La situation était critique ; le Jardin des Plantes allait-il retourner à cet état de langueur et de décrépitude dans la jeunesse, dont le talent administratif de Dufay l’avait fait un instant sortir ? La voix publique commençait à réclamer : sur ces entrefaites, un chimiste de l’Académie des sciences, Hellot, va trouver Dufay ; tantôt insinuant, tantôt ferme et décidé, il cherche, si j’ose ainsi dire, le cœur du mourant. « Buffon, lui dit-il, est seul en mesure, par sa puissance de caractère, de continuer votre œuvre de régénération ; éteignez donc vos sentimens de rivalité, et désignez cet ancien ami pour votre successeur. Cette demande est contenue dans la lettre que je vous présente à signer. » Dufay, défaillant, signa.

Sous Buffon, le Jardin des Plantes reprend une vie nouvelle. De simplement botanique et médical qu’il était, il commence à devenir le temple de toute la