vapeur doit parcourir. Ces petits États intermédiaires, si souvent sillonnés par les boulets, et dont l’importance est philosophiquement très grande, ont été les premiers à se couvrir de voies de communication perfectionnées. Terrains d’assimilation de deux races, la Belgique, par exemple, la Bohême, la Hongrie, nous semblent destinées à devenir, par l’établissement des chemins de fer et des canaux, les points d’attache de l’unité européenne. Grâce aux nombreux rapports des races qu’elle confine, la nationalité de ces petits États se fixera d’elle-même lorsqu’un des deux élémens de leur population mêlée arrivera à prédominer sur l’autre. Il ne sera besoin pour cela ni de l’emploi de la force brutale, ni de ces interminables guerres de partage, qui, en déplaçant, de siècle en siècle, la borne des grands royaumes, changent et déclassent arbitrairement les destinées de leurs voisins. Quand l’esprit et le sang d’un peuple pénètrent dans un rameau allié, ce dernier rentre naturellement dans les limites de la race dont il finit par revêtir les caractères. L’événement qui doit le réunir arrive tôt ou tard, mais il arrive. Les forteresses, les lignes défensives, les ouvrages et les barrières élevés par la main des gouvernemens n’y peuvent rien ; l’opinion et instinct de la nature les renversent. On a dit que les chemins de fer étaient des voies stratégiques ; ils sont mieux que cela : ces lignes qui établissent des rapports croisés sur tous les points où les rivalités des grandes monarchies s’exerçaient, ne favorisent pas la guerre, elles la préviennent.
Quelques philosophes, voyant venir de loin ce fait