cut même à la conquête et au conquérant. Dans ces derniers temps, l’erreur de Napoléon et l’une des principales causes de sa chute fut d’avoir voulu amalgamer dans la victoire des races hétérogènes qui n’étaient point du tout préparées à s’unir. L’homme le plus fort ne peut rien contre la force de la nature, et toute entreprise qui violente les rapports des races entre elles échappe à la main de son auteur. Les chemins de fer, en ouvrant à travers l’Europe un champ de bataille pacifique, doivent augmenter l’action des influences morales. Le résultat des voies de communications nouvelles sera de remplacer les conquêtes par des alliances. La loi qui présidait aux unes présidera nécessairement aux autres. La force d’assimilation des races se trouvera plus que doublée par les fréquens rapports qu’elles auront entre elles ; mais nous ne croyons pas que cette force agisse jamais en sens inverse de son principe. Il existe à certaines alliances des obstacles que les chemins de fer eux-mêmes n’effaceront pas aisément. Un système de voies de communications à vapeur, fondé sur les rapports naturels des races, serait le seul profitable aux intérêts de l’unité européenne.
L’entrelacement des rameaux détachés à l’origine des montagnes de l’Asie rend fort difficile, chez les peuples modernes, la distinction de leurs caractères. Nous voyons pourtant encore se dessiner assez bien les principaux contours des races dans la configuration des grands États. À l’orient de l’Europe, parmi les glaces qui le couronnent, se dresse le colosse slave ; à l’occident, la tête encore cachée dans les forêts du