Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/56

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pensent que la France est trop étendue pour former une république. Le télégraphe abrège les distances et réunit en quelque sorte une immense population sur un seul point. » Ce raisonnement, appuyé des démarches les plus pressantes et les plus énergiques, finit par lever tous les obstacles. La Convention, par la voix de Lakanal, se décida à revêtir d’un caractère public l’invention de Chappe. À peine le télégraphe est-il installé que la première nouvelle qui arrive est celle-ci : « Condé est restitué à la république ; la reddition a eu lieu ce matin à six heures. » Cet instrument inconnu des anciens venait de réaliser le rêve des poètes : il avait donné une voix et des ailes à la Victoire.

Lakanal était accablé d’affaires, car les affaires de la patrie, des sciences et des lettres étaient les siennes. Constamment occupé au comité d’instruction publique, dont il rédigeait la plupart des rapports et dont il suivait tous les travaux, il ne paraissait guère dans la salle de la Convention que les jours où il s’agissait de voter de grandes mesures. Ses votes étaient alors, comme il l’a dit plus tard, l’expression de sa conscience. Le reste de son temps se passait à examiner des ouvrages et à réunir les matériaux d’un nouveau système d’éducation nationale. Toutes ses heures étaient prises par ce soin des intérêts de l’esprit humain ; une telle occupation ne lui laissait point de relâche, même pour ses amis. « Cher citoyen, marque-t-il à M. Geoffroy Saint-Hilaire, alors bien jeune naturaliste, je ne vous ai pas écrit parce que les républicains ont ajourné leurs jouissances jusqu’à la paix.