Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/64

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sance a exprimé sans faste ses regrets et ses souvenirs par un simple monument ! Hélas ! ce tombeau est encore une fiction ; cette colonne attend. Les os du savant illustre pour lequel a été élevé ce marbre ne reposent point sous le tertre de gazon que vous voyez. C’est un simple projet, et, comme tel, il subit les lenteurs indéterminées de l’ajournement. Il serait enfin temps que la France montrât quelque souci des morts. Ne laissons pas des ombres illustres nous accuser d’ingratitude et mendier ailleurs que sur le théâtre de leurs travaux les honneurs d’une sépulture modeste. Ces arbres ont connu Daubenton ; le Jardin des Plantes lui doit une partie de sa gloire et de sa prospérité : le vieux savant sera le bien-venu au milieu des représentans nouveaux de la nature qui a été l’objet constant de ses études et de ses amours. Le Jardin des Plantes est une patrie morale : Cuvier aimait à dater ses écrits de ces lieux si chers où il résidait. Les étrangers mêmes respirent dans cette enceinte un air particulier qui est, pour ainsi dire, l’air natal de la science. Tout concourt donc à nous dicter la translation des restes de Daubenton dans le tombeau qui lui a été préparé au Muséum d’histoire naturelle comme une haute mesure de convenance et de dignité nationale.

À défaut d’autres titres, le désintéressement de ce grand naturaliste justifierait les honneurs tardifs dont on se propose toujours d’entourer ses funérailles. Lakanal, frappé de la haute sagesse du vieillard, lui avait adressé, en le quittant, ces paroles, conservées dans la mémoire de M. Geoffroy Saint-Hilaire : « De-