Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/74

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

traite où, il s’était pour ainsi dire inhumé, des journaux venus de New-York lui annoncèrent la révolution de 1830. À cette nouvelle, son vieux sang révolutionnaire bouillonne ; Lakanal s’écrie : « Je ressuscite ! » Il est curieux de retrouver dans le cœur de ce Français, exilé à dix-huit cents lieues de sa patrie, l’écho du grand coup qui venait de frapper une monarchie étrangère au milieu de la France. Une lettre écrite à un ami le 25 novembre de la même année respire l’enivrement du triomphe. Ce cri de victoire qui se répond d’un monde à l’autre nous semble d’un effet extraordinaire. Dans le discours bien senti, prononcé par M. de Rémusat au nom de l’Académie des sciences morales, il est dit que, revenu en France, Lakanal réclama sa place à l’Institut. Les choses ne se sont point tout-à-fait passées de cette manière. À peine le bruit du canon de juillet eut-il retenti aux oreilles de Lakanal que l’exilé comprit qu’il avait reconquis une patrie. « Ma première pensée, écrit-il dans une lettre adressée à son ami Geoffroy Saint-Hilaire, a été de revoir cette belle France délivrée, par des prodiges de valeur, du gouvernement le plus inepte, le plus lâche, le plus odieux, qui ait jamais pesé sur un peuple policé. » Cette pensée serait sans doute morte avec Lakanal dans les solitudes du Nouveau-Monde, si la France ne l’eût rappelé elle-même, en lui restituant ses honneurs académiques. Toutefois, ce rappel ne fut pas immédiat ; par un oubli inconcevable, on avait omis de comprendre Lakanal dans la réorganisation de l’Académie des sciences morales et politiques, qui eut lieu en vertu de l’ordonnance royale du 26 octobre 1832. Les traces de