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les monuments figurés.
LES GESTES TRADITIONNELS D’APRÈS LES MONUMENTS FIGURÉS



34. À chercher sur les monuments figurés les traces de la danse grecque, on est exposé au danger commun à toutes les investifations minutieuses, qui est d’apercevoir partout des exemples applicables à l’étude entreprise. Il faut avouer qu’on serait excusable de tenir pour danseurs un très grand nombre des personnages fournis par les peintures et les reliefs : Platon, Lucien, Athénée — pour ne citer que les trois auteurs les plus utiles à l’histoire de l’orchestique, — ne définissent-ils pas en effet la danse, l’art de tout dire au moyen du geste ? Il s’ensuit que souvent on pourrait donner des scènes représentées une interprétation orchestique plausible, en y voyant des scènes mimées. Souvent aussi, nous le croyons, on serait dans le vrai. Quant aux figures isolées dues à la statuaire, elles sont, au dire même des anciens[1], directement inspirées de l’orchestique. Les sculpteurs allaient étudier dans les réunions et dans les spectacles publics les attitudes des danseurs, et, plus tard, la gesticulation des mimes ; les danseurs, à leur tour, choisissaient leurs modèles dans les chef-d’œuvre de l’art. De ce mutuel échange, qui est indiscutable, il faut bien conclure que, sur les monuments figurés, la danse occupe une large place. Très nombreux d’ailleurs sont ceux dont le sujet est évidemment orchestique.

Mais on a précédemment (32) limité cette étude à la gymnastique de la danse ; on ne traitera donc pas de la partie mimétique de cet art, à proprement parler du geste. On prendra soin seulement de le distinguer des mouvements purement gymnastiques avec lesquels

  1. Athénée, liv. xiv, 629, b. (Voir l’épigraphe de ce volume.)