Page:Essai sur la régénération physique, morale et politique des Juifs.djvu/37

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veur des premiers Hébreux inspirent à leurs descendans un mépris pour les nations, que l’Eternel n’a point honoré des mêmes faveurs. Ils sont plus enflés des dons accordés à leurs peres, qu’humiliés des fléaux qui les frappent. Actuellement encore, dit Bossuet, ils regardent les graces du ciel, envers leurs ancêtres, comme une dette envers les enfans : leur grandeur à la vérité n’est pas tout-à-fait illusoire ; mais il n’est pas moins vrai que l’orgueil est chez eux une maladie invétérée, & qu’ils deviendroient facilement insolens si, n’étant plus courbés sous le joug, on les livroit à l’essor de leur esprit imbu de préjugés, sans chercher à les déraciner.

Souvent on a tenté d’amortir leur zele religieux. Trajan leur avoit interdit la lecture de leurs loix ; Adrien la leur accorda, en payant un droit ; mais il leur défendit de circoncire leurs enfans, & de remettre le pied en Judée, de peur que la vue de ce pays ne ranimât leur rebellion. Ailleurs, on a cent fois répété les mêmes défenses, & brûlé leurs livres. Une partie de leur culte étoit devenue impossible à pratiquer depuis la destruction du Temple. On a mis des obstacles à l’accomplissement du reste ; mais les obstacles multipliés n’ont fait que fortifier leur opiniâtreté. Sans cesse ils ont les regards tournés vers leur