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Page:Essai sur les limites de l'action de l'État.djvu/113

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de la liberté, et puis c’est une répression qui, loin d’enchaîner l’homme, donne aux objets qui l’entourent une forme quelconque ; de sorte que ces deux choses n’en sont pour ainsi dire qu’une seule. Il est bon cependant, pour la clarté des idées, de les bien séparer et de les distinguer l’une de l’autre. Chaque homme ne peut agir en une fois qu’avec une seule et même force ou plutôt son être ne se livre tout entier qu’une seule fois à une action donnée. Aussi l’homme paraît-il créé pour la spécialité exclusive, puisque son énergie s’affaiblit dès qu’elle s’étend à plusieurs objets. Mais il échappe à ce spécialisme étroit quand il travaille à réunir ses forces isolées, souvent exercées isolément, à faire agir, dans chaque période de sa vie, celles qui sont près de s’éteindre en même temps que celles qui commencent à briller, et à multiplier ces forces au lieu de multiplier les objets sur lesquels il agit. Ce que produit ainsi l’union du passé et de l’avenir avec le présent résulte encore, dans la société, de

    œuvre nationale du Pouvoir (voy. Politique libérale, p. 59 et suiv.). — D’autres sont tombés dans une méprise différente. Ceux-ci ont reconnu l’importance de la diversité comme élément de la liberté ; puis, frappés du caractère uniforme de nos lois actuelles et du caractère tout opposé des lois de l’ancienne France, ils ont affirmé que celles-ci étaient plus favorables au libre développement des forces humaines. C’est ce que l’on trouve dans le livre de M. Raudot : La France avant la Révolution, 1847. L’erreur est manifeste, et Tocqueville a bien su s’en garder (voy. L’Ancien régime et la Révolution). Dans l’ancienne France cette diversité n’était que la diversité dans le pouvoir, sinon dans le despotisme. Ce n’est certes pas celle-là que Humboldt réclame et que les amis de le liberté doivent désirer. — Notre auteur revient plus loin sur cette idée pour la mettre plus vivement en lumière. (Voyez le chapitre suivant, § 1.)