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Page:Essai sur les limites de l'action de l'État.djvu/115

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l’autre ; et pas trop petite, afin que l’un puisse admirer et désirer pour soi-même ce que l’autre possède. Cette énergie et cette différence variée s’unissent dans l’originalité de la force et de l’éducation, d’où dépend en dernière analyse toute la grandeur de l’homme, vers laquelle l’individu doit toujours tendre, et que celui qui veut agir sur les hommes ne doit jamais oublier. De même que cette propriété, que ce caractère propre est le produit de la liberté de l’action et de la diversité des agents, de même elle les crée à son tour. La nature inanimée elle-même, dont la marche est toujours régulière et soumise à des lois immuables, paraît cependant avoir plus d’originalité aux yeux de l’homme qui s’est formé lui-même. Il se fond en elle pour ainsi parler, et il est vrai de dire, dans le sens le plus élevé, que chacun aperçoit l’abondance et la beauté qui l’entourent, suivant qu’il la garde l’une et l’autre dans son sein[1]. Mais combien l’influence de cette cause ne s’exerce-t-elle pas davantage quand l’homme ne se borne plus à sentir et à percevoir des impressions extérieures, mais quand il devient lui-même actif ?

Cherche-t-on à déterminer ces idées avec plus d’exactitude, en les appliquant plus immédiatement à l’individu, tout se réduit ici à la Forme et à la Matière. La forme la plus pure, avec la plus délicate enveloppe, nous la nommons idée ; la matière la moins pourvue de forme, nous la nommons perception sensible. La

  1. Système de l’identité du subjectif de l’objectif. Comp. chap. V, et les notes.