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Page:Essai sur les limites de l'action de l'État.djvu/124

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dustrie et du commerce ; je parle de toutes les opérations financières et monétaires, de toutes les prohibitions d’importer ou d’exporter (en tant qu’elles sont établies pour cette fin) ; en un mot, de toutes les dispositions prises pour éviter ou réparer les dommages causés par la nature ; enfin, de toute disposition de l’État, ayant pour but de maintenir ou de créer le bien matériel de la nation. Quant au bien moral, en effet, ce n’est pas précisément pour lui-même, mais pour le maintien de la sécurité qu’on le recherche. C’est là le premier des points que j’aborderai par la suite. Toutes ces dispositions ont, suivant moi, des conséquences fâcheuses ; elles ne sont pas conformes à la vraie politique, celle qui procède de points de vue élevés, mais toujours humains.

1o L’esprit du gouvernement domine dans chacune de ces dispositions ; et, quelque sage, quelque salutaire que soit cet esprit, il impose à la nation l’uniformité ; il lui impose une manière d’agir étrangère à elle-même. Les hommes alors obtiennent des biens au grand préjudice de leurs facultés, au lieu d’entrer dans l’état social pour y augmenter leurs forces, fût-ce au prix de quelques-uns de leurs avantages ou de leurs jouissances naturels. C’est précisément la diversité naissant de l’union de plusieurs individus qui constitue le plus grand bien que puisse donner la société ; et cette diversité croît à mesure que décroît l’ingérance de l’État. Les membres d’une nation où la vie est en commun n’ont plus de caractère propre ; ce sont des sujets séparés, mis en rapport avec l’État, c’est-à-dire avec