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Page:Essai sur les limites de l'action de l'État.djvu/354

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— il résulte qu’il n’est point de principe aussi bien compatible que celui-ci avec le respect dû à la personnalité d’êtres conscients et actifs, et avec le soin de la liberté qui naît de ce respect. Enfin, le seul moyen infaillible de donner aux lois la puissance et l’autorité est de les faire naître exclusivement de ce principe. On a proposé des moyens de plus d’une espèce pour arriver à ce but ; comme moyen le plus sûr, on a voulu persuader les citoyens de la bonté et de l’utilité des lois. Mais en admettant, dans un cas déterminé, cette bonté et cette utilité, on se convainc toujours avec peine de l’utilité d’une disposition ; des avis différents entraînent des partis divers, et le penchant lui-même vient au-devant de la conviction, car l’homme qui comprend toujours aisément l’utilité qu’il reconnaît par lui-même se roidit contre celle qu’on lui impose. Au contraire, chacun incline volontairement la tête sous le joug de la nécessité. Quand on se trouve engagé dans une situation compliquée, la vue de la nécessité elle-même est sans doute plus difficile à percevoir ; mais précisément l’observation de ce principe rend toujours la situation plus simple et en rend toujours la vue plus facile.

J’ai parcouru la carrière que je m’étais tracée au commencement de ce travail. Je me suis toujours senti animé du respect le plus profond pour la dignité intérieure de l’homme et pour la liberté, qui seule est en harmonie avec cette dignité. Puissent mes idées et l’expression dont je les ai revêtues n’être pas indignes de ce sentiment !

FIN.