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INTRODUCTION
XIII

s’accorde en effet à dater généralement de 1626 notre premier établissement officiel en Tîle de Saint-Christophe ; mais nous croyons pouvoir admettre qu’à cette date les navires français, corsaires ou interlopes, avaient dès longtemps coutume de fréquenter ces îles pour s’y ravitailler et s’y radouber[1] Les origines françaises des Antilles pourraient donc à la rigueur remonter au xvie siècle aussi haut que l’on trouve la première mention d’un corsaire français croisant dans ces mers. — Il est par contre une date à laquelle on peut sans conteste arrêter la période de fondation de nos colonies antiliennes, c’est l’année 1664, où la création de la Compagnie des Indes Occidentales eut pour première conséquence le rachat des Antilles françaises à

leurs différents seigneurs-propriétaires. Jusqu’à cette date, ces « Isles », domaines féodaux créés et subsistant en plein XVIIe siècle, avaient joui d’une liberté, d’une quasi indépendance singulièrement favorables à leur prospérité. Mais, sous Colbert, elles étaient des anachronismes, et, en les concédant derechef à la nouvelle Compagnie privilégiée, ni Louis XIV, ni son ministre n’avaient l’intention de laisser durer un état social et économique si contraire à leurs idées. Bien différente de la faible et débonnaire Compagnie des Isles de l’Amérique, la Compagnie des Indes Occidentales masquait à peine par quelques formules l’autorité royale effectivement imposée aux colonies. Les folles dépenses qu’entraînait pour elle la politique générale du « Grand Roi » devaient bientôt ruiner l’entreprise commerciale et privée qui semblait sa raison d’être. En réalité, sa dispari-

  1. La discussion de cette hypothèse trouvera place dans une étude ultérieure.