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INTRODUCTION
XV

méthodiques des grandes bibliothèques, ni même les catalogues de vente de libraires spéciaux ou de collections célèbres ne donnent à qui les dépouille une certitude même relative de connaître, au moins par leurs titres, les sources imprimées originales les plus importantes sur le sujet qu’il étudie. Mais la difficulté se double, pour les différents pays des deux Amériques, de l’excessive rareté qu’ont acquise, surtout depuis la seconde moitié du xixe siècle, tous les ouvrages anciens relatifs à cette partie du monde. Deux raisons, en effet, se sont combinées dans le cours des temps pour amener une rareté si pernicieuse aux études américanistes : tout d’abord le tirage limité des vieilles chroniques composées par les témoins même des premiers établissements européens au Nouveau Monde. La plupart du temps pauvres religieux missionnaires, soucieux avant tout d’édifier les âmes ou parfois de complaire à quelque puissant protecteur, les auteurs de ces opuscules ne prétendaient point écrire pour la postérité ; ce qui nous rend plus précieuse encore leur sincérité naïve. Leurs relations, éditées sans luxe et à petit nombre, allaient pour la plupart enrichir les bibliothèques de leur ordre. Le public leur préférait bientôt des ouvrages plus complets, mieux édités, et qui se répandirent parfois avec profusion[1], et seuls quelques amateurs des colonies elles-mêmes achetèrent encore çà et là pour leur collection locale ces vieilles chroniques oubliées. — Or, on sait que sous les tropiques l’humidité chaude du climat, et plus encore les insectes qu’il engendre, condamne livres et documents à

  1. Il suffit de citer ici Rochefort, Charlevoix, Labat, dont on trouvera mentionnées plus loin, chap. II, les nombreuses éditions.