Page:Essai sur texte grec Rosette - Lenormant.djvu/11

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AVERTISSEMENT.

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Je n’ai point eu l’intention, dans le travail qui suit, de donner une interprétation complète de l’Inscription de Rosette. Un tel travail serait, dans tous les cas, au-dessus de mes forces, et, en ce moment, il me serait impossible d’y consacrer les soins convenables. Des trois textes dont se compose l’inscription de Rosette, l’hiéroglyphique, le démotique et le grec, ce dernier pouvait seul, dans l’état actuel de la science, devenir l’objet d’une étude complète : j’ai tâché que la mienne marquât un progrès sur les tentatives précédentes, et fit mieux pénétrer dans l’intelligence d’un monument que les recherches des Heyne, des Porson et des Drumann n’ont pas entièrement éclairci.

J’ai d’abord reproduit le texte aussi correctement que possible, et sans m’arrêter aux défectuosités qui tiennent, soit à l’orthographe suivie par le graveur, soit aux erreurs qu’il n’a pas su éviter dans la transcription du décret.

Les lacunes causées par la destruction partielle de l’original ont été comblées, d’après les indications fournies par les précédents interprètes, ou d’après mes propres conjectures. Le texte hiéroglyphique, non encore entièrement expliqué, nous est cependant accessible dans un grand nombre de ses détails : nous en avons profité pour combler quelques-unes des plus importantes lacunes du texte grec. J’ai joint à ce texte une version que je crois plus fidèle et plus élégante que celles de mes devanciers.

Le commentaire qui suit a pour objet principal de faire ressortir dans l’ensemble et dans les détails le caractère purement égyptien du décret rendu en l’honneur de Ptolémée Épiphane. J’ai joint à ce commentaire une indication de ce qu’on trouve de relatif à l’interprétation de la partie hiéroglyphique, soit dans la Grammaire égyptienne de Champollion le jeune, soit dans les volumes déjà publiés du grand ouvrage de M. Rosellini, soit enfin dans l’essai malheureusement incomplet de Salvolini. Le texte démotique m’aurait sans doute fourni de grandes lumières, si j’avais pu l’étudier ; mais jusqu’à présent je ne connais rien qui puisse guider sûrement dans cette partie de la littérature Égyptienne, au-delà des heureuses conjectures d’Akerblad et des solides observations de M. Kosegarten. On fera plus avec le travail de Champollion sur la partie démotique de l’Inscription de Rosette, travail qu’un heureux hasard vient de faire retrouver, mais qui malheureusement appartient aux premiers temps des découvertes de ce savant.

La science hiéroglyphique est une carrière où la disparition du génie qui l’a ouverte ne nous permet d’avancer que pas à pas ; les travaux préparatoires y sont donc encore utiles, et c’est sous ce rapport seulement que je me permets de recommander le mien à l’attention des érudits.