D’un lien d’amour le ciel et la terre embellie,
Et qui fera tout homme, au moment de l’adieu,
Plus digne de ce monde et plus digne de Dieu !…
Et les lecteurs de La Phalange penseront sans doute que cette beauté idéale se trouvera réalisée un jour par l’École sociétaire. Un autre poème, Architecture, élève une protestation énergique contre les restaurateurs, tes maçons, les badigeonneurs, les bourgeois — suprême insulte ! — qui salissent donjons et cathédrales. Non que le poète ait la moindre sympathie pour l’âge dont ces édifices sont les vestiges, ou la moindre tendresse pour le culte qu’ils abritent encore. Il en parle avec autant de dédain que font ses nouveaux frères. Au « vieux catholicisme » dont il prédit la ruine, il oppose « un plus divin système » ; au-dessus des églises gothiques, des temples vermoulus
Dont le sens est futile et ne nous suffit plus
il voit
Le temple harmonieux, en qui le monde espère.
Se dresser lentement à l’horizon prospère.
Ce système, pourquoi ne serait-ce pas celui de Fourier ? ce temple,
pourquoi ne serait-ce pas le phalanstère ? — Une autre pièce, La Robe du Centaure, —
qui sera recueillie plus tard, avec de notables
changements, dans les Poèmes Antiques, — évoque l’image
d’Hercule, rongé jusqu’aux moelles par la fatale tunique qui s’est
collée à sa chair, et montant sur le bûcher dont la flamme « l’exhalera dans les cieux ». Et c’est là un magnifique symbole de ces
passions dévorantes qui font à la fois la douleur et la grandeur de
l’homme :
Ô saintes passions, inextinguible ardeur,
Ô source de sanglots ! ô foyer de splendeur !…
Passions, passions, enivrantes tortures,
Langes divins, linceul des fortes créatures.
Gloire à vous, qui toujours sous notre ciel terni
Chauffez l’autel glacé de l’amour infini !
Insondable creuset d’alchimie éternelle,
L’esprit qui défaillait retrempe en vous son aile