Page:Etienne-Gabriel Morelly - Code De La Nature.djvu/102

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Peuples, réjouissez-vous, il vous est né un prince ; la nature l’a doué de qualités qui feront un jour vos délices : il ne s’agit que d’en aider le développement… Hélas ! non, gémissez ; vos espérances vont être cruellement déçues ; des monstres vont étouffer cette fleur ; leur souffle empoisonneur va obscurcir, resserrer, éteindre les facultés de ce génie pour le gouverner à leur gré : il sera fortement imbu de toutes les erreurs, de tous les préjugés du plus grossier vulgaire ; ils l’assujettiront aux craintes superstitieuses d’une femmelette ; du reste, cette engeance infectera ce tendre rejeton de l’esprit furieux d’avarice et de domination qui la possède.

Tous ces premiers esclaves s’efforcent d’établir le despotisme, qui bientôt jette une nation dans la barbarie, et de là dans un anéantissement total, où tombe avec elle le joug pesant qui l’y précipite.

Tels ont toujours été les progrès de la décadence des plus florissants empires. Quelle autre chose que l’esprit cruel de propriété et d’intérêt donne le branle à ces tristes révolutions.

Eheu quam pereunt brevibus ingentia causis.

Claudian.

Voilà ce que l’on peut nommer la fortune des États.

Ce qui assurerait la stabilité des empires.

Cette instabilité, ces vicissitudes périodiques des empires seraient-elles possibles où tous les biens seraient indivisiblement communs ? Posez cet excellent principe ; attachez à tout ce qui peut le rendre inaltérable, à tout ce qui peut en favoriser les heureuses conséquences, les idées les plus sublimes d’honneur et de vertu, vous aurez