Page:Etienne-Gabriel Morelly - Code De La Nature.djvu/121

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-dire, aucune lésion active ou passive : il ne peut être exposé à des maux de cette espèce, ni se rendre coupable que dans la constitution arbitraire de certaines sociétés, qui varient comme les volontés mortelles qui les ont établies, et dont les coutumes et les usages sont souvent diamétralement opposés l’un à l’autre : de sorte que ce qui est mal moral dans l’une, est souvent un bien ou une action louable dans l’autre. L’état présent et passé des nations le prouve sans réplique. On condamne ici ce que l’on autorise, ce que l’on commande ailleurs ; donc le mal moral est, à cet égard, une chose purement versatile et changeante comme la fantaisie des législateurs : il est dans l’ordre qu’il soit puni par un autre mal aussi passager ; il est un pur effet d’une cause seconde livrée aux accidents de sa mutabilité volontaire ; ce mal peut-il avoir quelque relation avec la Divinité ?

L’homme est créateur indépendant de ses actions libres ; elles n’ont d’autre objet, d’autres motifs que sa conservation, son bien-être ; choses de très-courte durée, et entièrement laissées aux soins de sa capacité présente. Or, puisque ces actions, bonnes ou mauvaises, soit par rapport à lui, ou par rapport à ses semblables, ne sont telles que dans quelques circonstances seulement, il est vrai de dire que l’homme est très-accidentellement ou conditionnellement méchant. Ôtez la condition et les causes qui, pour la plupart, ne dépendent pas de lui, il ne peut pas être pervers, ni souhaiter, ni continuer de l’être.

La cause passagère de tous maux en est le remède.

Ôtez la propriété, je le répète sans cesse, vous anéantissez pour jamais mille accidents qui conduisent l’homme à des extrémités désespérantes. Je dis que, délivré de ce