Page:Etienne-Gabriel Morelly - Code De La Nature.djvu/126

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mence toute violence ; de même toute institution qui sort de ses principes, qui bâtit sur de fausses positions, qui prend pour nature ce qui ne l’est pas, n’est plus un art qui puisse imiter et suivre pas à pas cette sage maîtresse, c’est une misérable et aveugle routine ; ce n’est que cette cacophonie que j’attaque dans cet ouvrage.

Qu’on ne m’accuse donc point d’autoriser le crime par des principes qui font disparaître tout mal moral, qui affranchissent l’homme de toute crainte, de tout remords. Rien ne serait plus évidemment calomnieux que cette accusation, puisqu’il n’y a pas un de mes raisonnements, pas une de mes maximes qui, loin de favoriser aucune action dénaturée, ne tende, au contraire, à anéantir tout scélératisme, et à le rendre même inconcevable.

En indiquant la cause première de tous forfaits et les moyens de la détruire, je substitue à une impuissante crainte, à d’inutiles remords, les vrais moyens de rendre le crime impossible, d’en inspirer une horreur insurmontable, et enfin de restituer la créature à sa bonté, à sa probité naturelle.

Quand je dis qu’il n’y a nul mal moral en présence de la Providence, qu’elle ne s’irrite point du crime, qu’elle ne le punit pas comme nous l’imaginons par comparaison avec nos procédés, je dis aussi que sa sagesse permet que, par des conséquences infaillibles de l’ordre établi dans le moral, c’est-à-dire, dans les actions des hommes, il arrive toujours que ce qui nuit à ces créatures, est réprimé par des maux pareils. Point de crimes sans punition, mais aussi plus de crimes après les derniers châtiments.

Si j’établis que l’idée d’un être infiniment parfait, infiniment bon, exclut absolument celle d’un vengeur obstiné dont les rigueurs perpétueraient le mal, c’est que cette idée ne peut convenir qu’à la créature qui, sujette à l’offense, ne peut s’en garantir que par la crainte et la ter-