traire, tout les prévienne ; nous aurions l’idée de quelque chose de bon, sans avoir encore celle d’un premier principe bienfaisant. Voici, dans cette hypothèse comme dans toute autre, comment nous y parvenons.
La réflexion seule sur les sentiments naturels, fait éclore l’idée
d’une Divinité.
Des sentiments, réitérés par la fréquentation de plusieurs objets, éveillent la mémoire et donnent lieu à la comparaison, et celle-ci ouvre, pour ainsi dire, les portes du discernement et de la réflexion. Nous commençons alors à juger des qualités des objets les plus prochains ; nous leur donnons, par gradation, les titres de beaux, de bons, de meilleurs.
Le sentiment, le souvenir, marchant tous deux ou séparément, ou de compagnie avec la réflexion, comparent avec elle le présent au présent, ou celui-ci au passé ; observent les nuances, les degrés des qualités des objets ; y en découvrent qui n’avaient point été aperçues ; passent d’un sujet à un autre, et de celui-ci à de plus éloignés. Ainsi les facultés de l’entendement montent, par cette progression, aux premières notions de l’Excellence, et par une succession de nouvelles idées que celle-ci enfante, élèvent enfin l’homme à l’idée d’un Être infiniment bon.
Le spectacle de l’univers ne fait qu’étendre l’idée de la Divinité.
Ce n’est point, comme le prétendent la plupart des philosophes, le spectacle de l’univers, ni les réflexions sur notre contingence et la sienne, qui nous mènent à l’idée