Page:Etienne-Gabriel Morelly - Code De La Nature.djvu/192

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les forfaits se cachèrent comme sous l’épais feuillage de cette forêt de préceptes et de préjugés ; ils se couvrirent de toutes les machines inventées pour les détruire, et s’en armèrent quelquefois.

Corruption des pouvoirs politiques.

J’en viens à l’autorité suprême, établie chez nous pour le maintien des lois, et qui a la force de contraindre les hommes à les observer. Cette puissance souveraine qui devrait être la protectrice des droits de le nature et de l’humanité, telle qu’elle fut, dit-on, autrefois à la naissance de chaque peuple, où l’autorité paternelle, établissant une parfaite égalité entre les frères, montrait au reste de la nation l’exemple du plus doux des gouvernements ; cette puissance, dis-je, après avoir été dans les temps de barbarie la proie du plus fort et du plus audacieux, un pouvoir presque aussi inhumain et aussi cruel envers ceux qui s’y soumettaient librement qu’envers ceux que la force des armes rendait ses esclaves, a pris, dans les temps plus calmes, une teinture des vertus apparentes et des vices mitigés, selon lesquels les hommes se sont avisés de régler leur conduite.

Vers le monarque, comme le sang vers le cœur, se portent, se rassemblent toutes les richesses de l’État ; mais ce sang, reversé sans économie, regorge en certains vaisseaux, ne se porte qu’en très-petite quantité dans d’autres, et laisse toujours les extrémités dans une froide paralysie, sans force, sans vigueur. On ose, après cela, comparer à une divinité bienfaisante, une faible splendeur, dont les rayons, interceptés par quelques corps environnants qui les absorbent, portent à peine leur influence au-delà de leur source. Qu’est la grandeur de ces souverains, protec-