Page:Etienne-Gabriel Morelly - Code De La Nature.djvu/202

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Il est vrai que nous ne pouvons connaitre ni désigner l’auteur de tant de biens, comme nous pouvons distinctement connaître et désigner un père, un ami ; mais qu’est-il besoin que nous connaissions de la sorte ce qui s’offre à nous par tant de sentiments pressants ? Si cet Être est plus puissant que nous, il est sans doute plus grand que la capacité de nos conceptions. Si ce que nous considérons en nous comme une étincelle de cette lumière infinie nous est incompréhensible, comment, à l’aide d’une faible clarté qui nous éblouit, pourrions-nous voir un océan de splendeur ? S’il ne nous est pas possible de connaitre la Divinité autrement que par ses dons, profitons de tous les instants de la vie qui peuvent nous procurer quelque plaisir délicat.

Dieu donne l’univers à toutes et chacune de ses créatures, et chaque créature d’une espèce à cette espèce entière : ses bienfaits sont si grands que toutes ensemble ne peuvent les épuiser, ni se nuire dans cette possession, en agissant de concert.

Celui auquel appartiennent toutes les créatures n’a besoin de rien de leur part ; mais, comme nous sommes sensibles aux bienfaits parce que nous avons une raison, sans doute la raison infiniment sage et essentiellement bonne, qui n’a besoin de rien, se plait à prodiguer ses dons à ses créatures, et à les en voir pénétrées ; elle aime à les voir agréablement affectées, elle aime à les voir reconnaissantes : c’est un même feu qu’elle allume dans les cœurs, c’est le feu de son culte qui brille sur cet autel vivant. En voici les cérémonies :

L’univers est la demeure de la Divinité, toute sa capacité est son temple ; nous n’ouvrons point les yeux à la lumière au sortir des bras du sommeil, que nous ne soyons éblouis de ce voile de sa grandeur : nous la célébrons quelquefois par des chants, et sans cesse par des pen-