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les conditions et de l’association et de la communauté : il faut, dit le Dictionnaire de Jurisprudence, que « tout membre d’une communauté ne soit pas attaché à une autre dont les intérêts sont plus nombreux. » En effet, si les habitants de nos commune administrent avec tiédeur leurs intérêts communs, c’est qu’ils font partie d’une autre communauté qui leur est plus chère, leur propre famille. Si celle-ci tend bientôt à se dissoudre, c’est qu’elle ne renferme pas les ressources suffisantes. On doit tirer de là une conclusion fort simple, c’est que la famille, purifiée de tous rapports d’intérêts entre ses membres, doit être rattachée à une autre famille sociale beaucoup plus nombreuse, dans laquelle, sans quitter la première, l’homme trouve toutes les ressources de l’industrie, des sciences et des arts. Ce noyau social, réunion presque encyclopédique de tous les travaux, ne peut être composée de moins de mille à deux mille personnes ; sans cette condition première, toute association laissant en dehors d’elle des intérêts, des affections ou des plaisirs qu’elle ne peut satisfaire, tend tôt ou tard à se dissoudre ; et l’on accuse de fausseté la doctrine sociale, quand on devrait s’en prendre uniquement à la mesquinerie de l’entreprise.


F. VILLEGARDELLE.