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puéril merveilleux des prestiges, mais la ravissante organisation de l’univers. Les puissances protectrices de son héros devaient être de magnifiques emblèmes des seuls vrais attributs de la Divinité, et non des fantômes bizarrement personnifiés, qui, dans nos poëmes ordinaires, servent à mener au dénouement l’entreprise hardie de quelque forcené, ou à tirer d’embarras quelque malheureux.

Sans plus long parallèle, on sentira à la lecture de son ouvrage, toutes ces différences : on y remarquera aussi qu’à l’égard des tableaux et des descriptions l’auteur a tâché, comme nos écrivains célèbres, d’imiter la belle nature ; et que s’il s’est quelquefois trouvé le copiste des mêmes objets, il a évité, autant qu’il est possible, de les prendre dans la même attitude ou sous le même point de vue. Je laisse le lecteur juge de la nouveauté du spectacle, aussi bien que de la bonté du dessein et de l’exécution. Passons des moyens au but principal.

Ce but est de faire voir que le véritable héros est l’homme même, formé par les leçons de la nature, et de saper par les fondements tous les malheureux préjugés qui le rendent sourd à la voix de cette aimable législatrice. C’est de la dignité de ce sujet que se tire le principal titre de ce poëme[1] ; et, sous l’allégorie de Naufrage des Iles flottantes, on désigne le sort que l’on veut faire subir à la plupart des frivolités dont la raison est offusquée.

  1. La Basiliade signifie, en grec, les actions héroïques d’un homme vraiment digne de l’empire du monde.