Page:Etienne-Gabriel Morelly - Code De La Nature.djvu/47

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ne s’est avisé qu’on pouvait proposer et résoudre cet excellent problème :

Trouver une situation dans laquelle il soit presque impossible que l’homme soit dépravé, ou méchant, ou du moins, minima de malis.

Ce problème et sa solution manqués, nos instituteurs anciens ont perdu de vue l’unique cause première de tous les maux, l’unique medium évident qui pouvait leur faire reconnaître une erreur commencée. Nos modernes, après eux, se sont trouvés encore plus éloignés d’une première vérité qui leur aurait fait nettement reconnaître la véritable origine, la nature, l’enchaînement des vices, et l’inefficacité des remèdes que la morale vulgaire prétend y apporter. Ils auraient pu, dis-je, à l’aide de ces lumières, facilement décomposer cette morale d’institution, prouver le faux de ses hypothèses, l’impuissance de ses préceptes, les contrariétés de ses maximes, l’opposition de ses moyens avec leur fin ; en un mot, démontrer en détail les défauts de chaque partie de ce corps monstrueux.

Cette analyse, comme celle des équations mathématiques, écartant, et faisant disparaître le faux, le douteux, aurait enfin fait sortir l’inconnue, je veux dire, la morale véritablement susceptible des démonstrations les plus claires.

En suivant cette méthode, j’ai découvert que de tout temps nos sages, pour chercher à guérir une dépravation qu’ils ont mal à propos cru un fatal apanage de la condition humaine, ont commencé par imaginer que la cause de cette caducité était où elle n’exista jamais, et ont été précisément prendre ce poison pour le remède du mal dont ils le prétendaient cause.

Se répétant sans cesse, aucun de ces prolixes discoureurs ne s’est avisé de soupçonner que cette cause de la