Page:Etienne-Gabriel Morelly - Code De La Nature.djvu/67

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nouveau législateur, en seront encouragées, et prendront un nouveau lustre, à mesure que la barbarie disparaîtra devant ses lois : au lieu de trouver des hommes indociles à ses arrangements, tous y applaudiront ; toutes les circonstances se trouveront favorables à ses desseins, pourvu qu’il n’établisse aucun partage, ni des productions de la nature, ni de celle de l’art : il pourra distribuer les travaux, les emplois entre les membres de la société ; fixer les temps des diverses occupations générales ou particulières ; combiner les secours ; calculer les différents degrés d’utilité de telles ou telles professions ; marquer ce qu’il est nécessaire que chacune d’elles rapporte en commun à la république pour suffire aux besoins de tous ses membres. Sur tout ceci et sur le nombre des agents, le législateur établira des proportions du travail ; il préposera l’âge le plus prudent au maintien de l’ordre et de l’économie, et le plus robuste sera occupé de l’exécution. Enfin, il règlera les rangs de chaque particulier, non sur des dignités chimériques, mais sur l’autorité naturelle qu’acquiert le bienfaiteur, sur celui qui reçoit le bienfait, sur cette autorité douce de la parenté, de l’amitié, de l’expérience, de l’adresse, de l’industrie et de l’activité.

Toutes choses ainsi rangées, qui s’avisera de vouloir dominer où il n’y aura point de propriété qui puisse inspirer l’envie de subjuguer les autres ? Il ne peut y avoir de tyrans dans une société où toute autorité consiste précisément à se charger des devoirs et des soins les plus pénibles, sans participer à d’autres soutiens ou agréments de la vie, qu’à ceux qui sont communs au reste des citoyens,