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Page:Eugène Le Roy - Au pays des pierres, 1906.djvu/160

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IV


Le 30 juillet 1789, le tocsin sonnait à Vern et à tous les clochers d’alentour. C’est le jour fameux de la Grande Peur ; de cette étrange panique, qui, le même jour, saisit les populations dans presque toute la France, et dont le souvenir se conserva longtemps si vivace dans les campagnes du Périgord, que soixante et quatre-vingts ans après, des vieillards dataient le commencement de la Révolution, de l’année de la Grande Peur : l’Annado de la Grando Paou.

Le matin de ce jour-là, donc, un quidam, venu de Neuvic, disait-on, avait annoncé l’approche d’une grande troupe de brigands, de galériens, d’Anglais, qui tuaient, pillaient et brûlaient tout sur leur passage. Les habitants du bourg de Vern étaient en grand émoi, quasiment affolés par ce bruit, et de tous côtés arrivaient les gens des villages, armés de rares vieux fusils échappés à la confiscation des