Page:Eugène Le Roy - Au pays des pierres, 1906.djvu/17

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ou plus familièrement « Toinette », la fille de Cadenet « le riche », hôtelier du Coq Hardi, et courtier en vins ; l’autre, Marion Caraval, que son père, un des bons propriétaires de la ville, cherchait à marier, la voyant précoce ; et la troisième, Fillette Delfort, dont la mère, femme d’un marinier toujours sur la rivière, tenait un petit regrat de sel, de chandelle, et le bureau de tabac.

Toutes ces demoiselles étaient des chanteuses de la paroisse qui allaient répéter des cantiques pour la Notre-Dame d’août. Il y en avait bien une cinquième, la grande Virginie, qui, avec sa mère veuve et ses deux sœurs, versait des demi-tasses et servait des cruchons de bière de mars aux habitués du Café Montcazel, ainsi appelé du nom de son défunt père ; mais « Ninie » était en retard comme souvent.

— Elle clampine en venant, dit l’une.

— Toujours elle trouve quelqu’un sur son chemin, ajouta l’autre.

Cependant, à l’entrée de la promenade, parut bientôt Virginie qui pressait le pas. Elle joignit ses camarades de chant, un peu rouge, et leur sourit en montrant de jolies dents blanches.

— Gageons que tu as rencontré Gérard ? lui dit la Fillette.

— Tout juste ! et ça m’a un peu amusée… Et toi, tu n’as pas vu ton gabelou ?

— Il est en tournée.

— Alors, ce sera pour ce soir.

Et toutes se mettent à rire.