remuait le cœur. Peut-être était-ce pour réagir contre l’effet de la voix troublante de cette jeune fille, que le curé lui disait :
— Tu chantes faux !… Tu prends trop bas !… Maintenant, on dirait que tu cries : Au feu !
Après une heure et demie de répétition, le curé congédia les chanteuses avec ces paroles :
— Allez ! et tâchez d’être sages !
— Il n’est pas aimable aujourd’hui, notre curé, dit la Fillette lorsqu’elles furent dehors.
— À peu près comme de coutume, répondit la Toinette. Mais puisque nous en sommes quittes, revenons un peu nous promener à l’ombre.
Un moment après, deux jeunes gens arrivaient sur la promenade. L’un était un médecin tout fraichement diplômé, D. M. P. ; l’autre un commis de la culture des tabacs envoyé depuis peu de Saint-Malo à Montglat. Celui-ci était un beau garçon, blond, grand, large d’épaules, à la tête carrée, aux yeux bleus d’acier, avec une petite moustache.
— Tenez, voyez comme monsieur Kérado regarde Maurette ! dit la Marion à demi-voix.
— Bonjour, mesdemoiselles ! la répétition est terminée ? demanda le docteur en s’arrêtant avec son compagnon devant les jeunes filles.
— Oui, Dieu merci, répond Virginie, car monsieur le curé n’était pas commode aujourd’hui.
— Il s’est fâché beaucoup ?
— Tout le temps ! surtout après la pauvre Maurette.