Page:Eugène Le Roy - Au pays des pierres, 1906.djvu/30

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les yeux modestement baissés. Ses compagnes jetèrent un coup d’œil furtif sur le groupe où se trouvaient leurs galants et suivirent.

Après les chanteuses, marchaient deux enfants de chœur en aube plissée, avec des ceintures de moire rouge, qui balançaient des encensoirs.

Et puis, fermant cette théorie, venait la Sainte-Vierge sur un brancard décoré de guirlandes de fleurs, et porté sur les épaules par quatre jeunes filles en robes de mousseline et couronnées de roses blanches. Pour la circonstance, la statue de plâtre peint avait été ornée de bijoux, à la mode espagnole. Mme Viermont avait prêté son collier de perles fausses, et Mlle Vanière, la fille du juge de paix, un diadème en cailloux du Médoc que sa grand’mère portait du temps de l’Empire. Un manteau bleu, taillé dans une vieille douillette de la femme du percepteur, était drapé en arrière sur les épaules de la statue.

Enfin, pêle-mêle, le chapeau à la main, suivaient en troupeau les hommes, qui clignaient des yeux sous le soleil et traînaient leurs souliers ferrés sur le pavé poussiéreux.

Le curé allait et venait entre les files, comme un chien de berger, pressant les uns, ralentissant les autres, toujours brusque, toujours renfrogné.

— En attendant que la procession revienne, et que j’aie le plaisir de revoir mon honoré père avec son bâton augural, allons faire un tour sur la promenade ? proposa Sully Viermont.