Page:Eugène Le Roy - Au pays des pierres, 1906.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de fer ouvragé, où le peintre avait représenté naïvement un grand coq rouge bien crêté attaquant un serpent dressé sur sa queue…

— Tu es bien aimable de m’être venue quérir, dit Toinette, en descendant le chemin de la fontaine.

— Depuis dimanche je ne t’avais vue…

— Et tu voulais avoir de mes nouvelles ?

— Hé, oui !

— Et puis, de quelqu’un plus, peut-être ?

— De quelqu’un plus ?

— Pardi ! ne fais pas l’innocente !

— Que veux-tu dire ?

— Que tu grilles de savoir ce que fait ton Breton !

— Moi ?… point !…

— Alors, je ne dis rien !

— Dis tout de même !

— Tu mériterais que je ne te dise rien, mais je suis bonne camarade… Eh bien, ma petite, il est à faire les inventaires des plantations dans les communes… Il rentre des fois qu’il est dix heures du soir, d’autres fois point ; ainsi ne te tracasse pas : c’est demain dimanche, tu le verras.

Après avoir babillé un moment à l’ombre des platanes de la fontaine, les deux jeunes filles posèrent la seille de cuivre sur leur tête et remontèrent vers la ville.

Un peu avant d’arriver à l’endroit où le chemin de la fontaine rencontre celui qui va de la porte Marinière au Port-de-Montglat, Toinette se planta :

— Eh bien ! tu peux dire, ma belle, que tu as du bonheur !