Page:Eugène Le Roy - Au pays des pierres, 1906.djvu/92

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parlait qu’avec une sorte de respect à cette jeune femme qui lui imposait, et il la consultait en toutes choses.

— Si vous vouliez, nous irions cette vesprée ramasser le blé rouge à la terre ? demandait-il, par exemple.

— Comme vous voudrez.

C’était la réponse invariable de Reine.

Ces étranges rapports entre mari et femme finirent par être connus des voisins, et par suite de toute la ville. En général, on en tira la conclusion que le Tétard était une bonne bête, facile à mener.

— Si Maurette était méchante, il monterait sur l’âne, dit un jour Sully Viermont en faisant allusion à la promenade burlesque qu’a Montglat on impose à l’homme que sa femme a battu.

Mais Capdefer n’était une bonne bête, bien docile, que pour sa femme exclusivement, comme on le vit le mercredi des Cendres d’après.

Ce jour-là, il se joue tous les ans à Montglat une vieille farce appelée : La Marche des novis. Une fourche à foin, dans les dents de laquelle sont fichées deux grandes cornes de bœuf, est garnie de guirlandes de lierre entortillées et ornée de rubans jaunes. Ainsi accoutrée, elle est promenée dans la ville, portée tour à tour par tous les nouveaux mariés de l’année carnavalesque qui finit, avec station au domicile de chacun d’eux. Là, devant leur porte, avec diverses cérémonies grotesques et bouffonnes, ils sont reçus dans l’illustre confrérie. Nul nouveau