Page:Eugène Le Roy - Jacquou le Croquant.djvu/119

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la forêt était beaucoup plus vaste et considérable que maintenant, car elle s’étendait sur les paroisses de Fossemagne, de Milhac, de Saint-Geyrac, de Cendrieux, de Ladouze, de Mortemart, de Rouffignac, de Bars, et venait jusqu’aux portes de Thenon. Encore à cette époque où j’étais petit drole, quoique moins grande qu’autrefois, elle était cependant bien plus étendue qu’aujourd’hui, car on a beaucoup défriché depuis. Elle se divisait, ainsi qu’aujourd’hui, en plusieurs cantons, ayant un nom particulier : forêt de l’Herm, forêt du Lac-Gendre, forêt de La Granval ; mais, lorsqu’on parlait de tous ces bois qui se tenaient, on disait, comme on dit encore : « la Forêt Barade », qui vaut autrement à dire comme « la Forêt Fermée », parce qu’elle dépendait des seigneurs de Thenon, de la Mothe, de l’Herm, qui défendaient d’y mener les troupeaux.

Les bois n’étaient pas en trop bon état partout, au temps où nous étions à la tuilière : on y avait mis le feu autrefois à quelques places, et puis l’ancien noble à qui presque toutes ces forêts appartenaient à la Révolution, s’étant ruiné, disait-on, avait fait couper les futaies, avancé des coupes et, finalement, avait vendu la plus grande partie de ses bois pour un morceau de pain. Malgré ça, on y trouvait encore, quelques années après, des taillis épais et de beaux arbres dans les endroits difficiles à exploiter. Il y avait aussi, dans les endroits