Page:Eugène Le Roy - Jacquou le Croquant.djvu/349

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d’abord que, pour réussir sans trop s’exposer, il fallait faire promptement. La première porte, celle de la cour, ne fermant qu’au verrou, serait ouverte doucement par un homme qui traverserait dans l’eau et grimperait au mur des fossés en s’accrochant aux petits arbres qui avaient poussé entre les pierres. Mais la porte d’entrée du château était faite d’épais madriers de chêne, armée de gros clous de défense, solidement close avec une forte serrure, et barrée en dedans de deux grosses pièces de bois. Attaquer cette porte à coups de hache, ça n’était pas aisé à cause des clous ; l’enfoncer avec le lourd marteau du forgeron ne serait pas facile non plus, et en tout cas ce serait long et, pendant ce temps-là, le comte et les gardes, sans parler des demoiselles qui maniaient très bien une arme, nous fusilleraient par les meurtrières : il fallait donc un engin puissant.

— Savez-vous, par là, une grosse poutre ? quelque arbre coupé puis ébranché ?

— À l’Herm, dans le village, me dirent les uns, le vieux Bertillou fait monter une grange ; il y a de forts chevrons.

— C’est bien notre affaire. Trente hommes des plus forts, leurs mouchoirs roulés comme ceux des droles qui font à la chattemite, et, noués deux à deux, porteront le chevron, quinze de chaque côté. Lorsqu’ils seront dans la cour, ils courront de toute leur vitesse sur la porte du château et la choqueront avec le bout