Aller au contenu

Page:Eugène Le Roy - Jacquou le Croquant.djvu/383

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

VIII

Le premier moment de contentement de me retrouver libre passé, je tombai dans une noire tristesse en songeant à ma pauvre Lina. Tant que ma tête avait été en jeu, je m’étais laissé un peu distraire de son souvenir par mon propre danger. L’homme est ainsi bâti, et je crois bien que d’autres valant mieux que moi en auraient fait autant. Mais maintenant que j’étais hors d’affaire, ce souvenir me revenait, amer et douloureux, comme le ressentiment d’une ancienne blessure.

Quelquefois, le dimanche, j’allais à Bars, recherchant la Bertrille, pour avoir la consolation de causer de ma défunte bonne amie. Elle s’y prêtait complaisamment, la brave fille, et me parlait d’elle longuement, m’entretenant de tous ces petits secrets que les droles se disent