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Page:Eugène Le Roy - Jacquou le Croquant.djvu/394

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la peine ; aussi je recevais fraîchement les paroles amiteuses de la fille, et les avances de la mère.

Mais à cette heure il ne s’agissait plus de ça ; où aller ? En cherchant bien, je vins à songer à une vieille masure sise entre Las Saurias et le Cros-de-Mortier, et qui avait autrefois servi d’abri passager aux gardes-bois des seigneurs, mais qui était abandonnée depuis quelques années. Le dernier hôte était un brigand qui s’y était établi et qui y avait habité quelque temps, jusqu’au moment où il avait été pris et envoyé aux galères pour le restant de ses jours. Cette baraque, appelée « aux Âges », et les bois autour appartenaient à un propriétaire de Bonneval que j’allai trouver sur-le-champ. Comme c’était un bon homme, nous fûmes tout de suite d’accord. Il fut convenu que je me logerais là, sans payer de loyer, moyennant que, tous les ans, à la fête patronale de Fossemagne, qui tombe le 21 octobre, je lui porterais un lièvre et deux perdrix de redevance : la chose convenue, je m’en fus droit à la susdite baraque.

Pour dire la vérité, celle de Jean était une maison cossue à côté de celle-ci, et je me pris à rire en répétant un dicton du chevalier :


Voilà une belle maison, s’il y avait des pots à moineaux !

Il n’y avait que les quatre murs avec la tuilée en mauvais état. Le foyer était construit grossièrement de pierres frustes ; pour toute ouverture il y avait une porte basse qui fermait au