Page:Eugène Le Roy - Jacquou le Croquant.djvu/401

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tait cette odeur fade que dégage la terre en temps d’orage. Et puis la pluie tomba serrée, drue, comme qui la verse à seaux, de manière que lorsque j’arrivai à la maison, j’étais tout trempé.

Ayant quitté ma blouse, je mis ma mauvaise veste, et je jetai sur les pierres du foyer une brassée de branches que je fis flamber vitement. Tandis que j’étais là à me sécher les jambes, mon chien, qui regardait le feu, se tourna et se mit à grogner, puis à japper. En même temps, la porte s’ouvre vivement et je vois la Galiote.

Ça me donna un coup dans l’estomac, mais elle ne fut pas moins surprise que moi ; en me voyant, elle s’arrêta sur le seuil.

— Entrez ! entrez sans crainte, lui dis-je en me levant, venez vous sécher.

Elle ferma la porte et s’avança vers le foyer.

— De crainte, je n’en ai point ! dit-elle bravement.

— Et vous avez raison. Tenez, mettez-vous là, et tournez-vous vers le feu…

Et, en disant ceci, j’avais poussé une des tronces de bois qui servaient de siège au milieu, devant le foyer.

Elle posa son fusil dans le coin de la cheminée, ôta sa carnassière, la mit sur la table, et s’assit, tournant le dos à la flamme. Pendant ce temps, mon chien flairait sa chienne et lui faisait fête.

Ce n’est pas pour dire, mais, quoique je fisse