Lorsqu’elle fut en selle, mademoiselle de Légé ajusta les rênes et ne bougea plus, attendant l’adieu de son cousin. Elle était charmante ainsi, avec sa robe de cheval à brandebourgs et sa petite toque bordée de fourrure où pointait une plume de héron.
— Allons, adieu, ma cousine.
— Adieu, Daniel… Vous ne m’en voulez pas ?
— Non… je vous plains seulement.
Elle eut un sourire et un hochement de tête, puis lui tendit sa main qu’il prit dans la sienne et laissa doucement retomber.
— Vous n’êtes pas aussi galant que tout à l’heure ! fit-elle dépitée.
— C’est que je vois embusqué au fond de son confessionnal un prêtre qui comptera ces baise-mains.
— Que vous êtes singulier ! Je ne vous comprends pas. Ce n’est pas vous, c’est moi qui ferai la pénitence indiquée par mon brave curé !
— Et par l’autre aussi !… Vous croyez lui jouer un bon tour, n’est-ce pas ? Eh bien, la première chose que vous demandera, je gage, l’abbé de Bretout, quand vous reviendrez à Ribérac, ce sera une confession générale.
— Je n’y avais pas pensé… C’est ennuyeux.
— Que ne le quittez-vous ?
— C’est impossible… Il est le confesseur de la bonne société, de tous les honnêtes gens !… Je ne puis aller trouver le vieil archiprêtre qui confesse le populaire : que dirait-on de moi ?
Sur ces paroles, elle tourna bride, soucieuse tandis que Daniel continuait son chemin…
Après trois ou quatre cents pas, il entendit der-