Aller au contenu

Page:Eugène Le Roy - L’Ennemi de la mort.djvu/266

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

docteur fit ses recommandations particulières à cet égard, et les termina en montrant une cachette ménagée dans l’épaisseur des murs, qui s’ouvrait par un secret au fond d’un placard à serrer le linge :

— C’est là que se réfugiaient les pasteurs ambulants traqués par les soldats du roi. Vous en userez si vous vous trouvez dans le cas de le faire.

Depuis sa condamnation, Daniel avait tant prêché son monde que tous étaient calmes, en dépit de leur tristesse, même la Grande, qui d’abord avait parlé de prendre une fourche de fer à l’intention des gendarmes, même la pauvre Sylvia, qui, pâle et défaite, se maîtrisait à grand’peine.

Mais lorsque Daniel, après les avoir tous embrassés, la tint sur son cœur étroitement serrée, il sentit aux sanglots muets qui soulevaient la poitrine de la généreuse fille, aux frémissements convulsifs de tout son être, combien lui était cruelle et douloureuse cette longue séparation, avec la pensée des souffrances qui attendaient son ami prisonnier. Il la garda, un moment, ainsi pendue à son col, la consolant par de gentilles paroles et d’affectueuses caresses. Puis, la voyant un peu réconfortée, il lui donna un dernier baiser au front et sortit.

Dans la cour, Mériol avait chargé sur la bourrique un portemanteau renfermant du linge et des hardes. Tous deux s’en allèrent, accompagnés, un bout de chemin, par M. Cherrier.

— Mon ami, disait le notaire, tu es plus crâne que nous autres tous. C’est toi qui prends le plus doucement ce gros ennui !

— Dans toutes les choses qui ne dépendent pas de notre volonté, c’est ce qu’il y a de mieux à faire, voyez-vous, monsieur Cherrier.