Page:Eugène Le Roy - L’Ennemi de la mort.djvu/318

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était l’objet : M. de Fersac, l’abbé Médéric, M. du Guat et le capitaine en demi-solde Dimègre, de Saint-Barthélemy. Puis encore deux ou trois autres amis plus humbles, dont Claret, le chasseur de vipères.

Il y avait aussi, aux alentours, des gens qui se confiaient à lui dans leurs maladies, mais ils étaient rares. Les populations voyaient bien que le docteur maintenait ceux du Désert indemnes des fièvres, mais cela ne les persuadait pas. Les paysans de la Double, formés par une éducation qui a duré de longs siècles, attribuaient cette immunité à quelque pacte diabolique. Entre une explication raisonnable, scientifique, et l’allégation d’une influence surnaturelle, ils croyaient sans nulle hésitation à celle-ci ; et, puisqu’il s’agissait d’un huguenot, cette influence préservatrice ne pouvait être que celle du Diable.

Ce défaut de malades se trouvait bien à propos en quelque manière, car le pauvre Mériol était mort paralysé, dernièrement, de sorte que le maître était obligé de s’occuper un peu plus qu’auparavant aux travaux de la terre.

Bientôt un autre deuil plus cruel vint attrister la maison du Désert. Le petit Samuel mourut d’une fièvre cérébrale, malgré les efforts de son père pour le sauver. Sylvia fut douloureusement frappée par la perte de son aîné, conçu dans les premières ivresses de l’amour ; Daniel, quoique vivement touché de ce malheur, s’efforçait de porter sa peine en homme, et de consoler Sylvia dont parfois le chagrin s’épanchait en plaintes amères.

Heureusement, trois semaines après, naissait sous le vieux toit huguenot un petit garçon dont la venue calma quelque peu la mère désolée. Le docteur le nomma Nathan, du nom de son grand-père défunt.