Page:Eugène Le Roy - L’Ennemi de la mort.djvu/59

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la peau, et son haleine lui brûlait le bras : les yeux demi-clos, elle semblait sommeiller.

Au bout d’un quart d’heure, après avoir rejeté à plusieurs reprises le sang aspiré, Daniel introduisit dans les plaies minuscules un peu d’ammoniaque, fit boire à Minna quelques gouttes du même liquide dans une infusion de tilleul et plaça un petit bandage à son bras.

— Maintenant, ma cousine, il faut dormir un peu pour vous remettre de vos émotions.

Et le jeune docteur serrait sa trousse.

— Vous partez, mon cousin ?

— Mais oui ! Vous voilà hors de danger, vous n’avez plus besoin de moi.

— Oh ! je vous en prie, restez encore… en cas…

— Je vous certifie que vous n’avez plus rien à craindre ; mais, pour vous rassurer entièrement, je repasserai en revenant de Montpaon, où il me faut aller pour affaires.

— Je vous remercie, mon cousin… Vous n’oublierez pas ?…

— Oh ! ma cousine !…

Dans la cour, Daniel trouva Bricou, qui lui amena sa jument : il se mit en selle et fila au grand trot.


La nuit tombait lorsqu’il repassa au château. M. de Légé, revenu, était près de sa fille et il accueillit le docteur avec des remerciements un peu froids et brefs, comme celui qui sait avoir de quoi payer en bonne monnaie sonnante.

C’était un homme de quarante-cinq ans environ, de haute taille, au visage dur dans un collier de barbe noire, aux cheveux ramenés en toupet sur le front. Il était vêtu d’une longue lévite de couleur puce, et son