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Page:Eugène Le Roy - L’Ennemi de la mort.djvu/96

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— Elle leur viendra demain sur les deux heures.

— Eh bien, demain vers les dix heures, il faudra leur faire avaler un de ces paquets de poudre à chacun… Comme c’est très amer, vous la mettrez dans du miel… Vous devez en avoir : j’ai remarqué des ruches dans le jardin…

— Nous en avons encore un peu.

— Bon !… Voici les paquets. Vous vous rappellerez bien ? À dix heures !

— Oui, notre monsieur…

— Vous n’avez pas l’air d’en être trop sûre… Où est la Sylvia ?

— Elle est allée querir une quarte de seigle pour la faire moudre.

Daniel remonta sur sa bête et revint au Désert.

Le lendemain, il était à Saint-Étienne de Puycorbier. En face de l’église, assez semblable à une grange, deux méchantes maisons faisaient tout le bourg. Entré dans la première qui se trouvait sur son chemin, Daniel ne vit personne. Dans l’autre, il découvrit une vieille au chef branlant, qui, assise au coin de l’âtre, le considéra d’un œil mort et ne répondit point à ses questions.

Sorti de là, le docteur aperçut, à quelques centaines de pas, un homme qui labourait, et il se dirigea vers lui, menant sa jument par la bride. À mesure qu’il approchait, il donnait des signes d’étonnement.

« J’ai bien ouï parler de cela, murmurait-il, mais je ne l’avais jamais vu ! C’était, paraît-il, une pratique fréquente autrefois. Un gentilhomme d’Allassac en bas Limousin écrivait même formellement, en 1767, que, pour être laboureur, l’homme doit avoir deux bœufs, ou deux vaches, ou deux bourriques, ou une avec une femme, et le harnais de ces deux bêtes… »