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Page:Eugène Le Roy - Le Moulin du Frau.djvu/109

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remplacé par des commissaires du gouvernement, dont était M. Chavoix, maire d’Excideuil, si connu et si aimé dans notre pays. Grâce à mon oncle qui lui parla, M. Masfrangeas fut conservé à la Préfecture et c’était justice. Du temps de Louis-Philippe, il se taisait parce qu’il était employé du gouvernement ; sous la République, il en fit autant, par dignité, ne voulant pas avoir l’air de faire sa cour aux hommes du jour, mais à des paroles qu’il disait entre amis, à son air content, à ses actes, on connaissait bien qu’au fond il était républicain, et beaucoup plus même, que quelques braillards qui depuis ont tourné leur veste.

Dans notre bureau, tout était en l’air, on n’y travaillait guère, on faisait de la politique, on s’y entretenait des nouvelles. Les voisins du 2e bureau, ceux de la 1re division venaient, et on tenait là, comme un petit club, dissous quelquefois par M. Masfrangeas qui impatienté, sortait de son bureau, et renvoyait les bavards, en leur disant que le meilleur moyen de servir la République était d’aller à leur travail.

Nous avions au reste des distractions, car il venait beaucoup de députations de toute espèce, pour complimenter les commissaires et leur faire part des vœux de leurs citoyens. Les petits enfants des écoles vinrent, sous la conduite de leurs régents, protester de leur jeune dévouement à la République. Les frères vinrent aussi avec leurs élèves assurer le gouvernement de leur patriotisme ; il ne faut pas s’étonner de ça ; c’était le temps où les curés bénissaient les arbres de la Liberté, et montaient leur garde comme les autres citoyens. La gravure du Curé patriote, les buffleteries croisées sur sa soutane, et l’arme au bras devant une mairie, fit fureur quelque temps après.

Les écoles des frères étaient les plus nombreuses,