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Page:Eugène Le Roy - Le Moulin du Frau.djvu/111

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pensait qu’un si brave homme que son défunt mari ne pouvait être allé en enfer, mais tout au plus en purgatoire, d’où ses prières et toutes les messes qu’elle avait fait dire l’avaient sûrement tiré. Cette manière de voir n’était peut-être pas très catholique, mais elle était bien raisonnable et humaine. Les dernières recommandations que ma mère nous fit à mon oncle et à moi, furent de ne pas la faire enterrer à Périgueux ; ce grand cimetière froid lui faisait peur, mais de la porter là-bas chez nous, dans le petit cimetière ombragé de noyers qui est autour de l’église, et de la mettre tout à côté de son cher homme.

Ainsi fut fait. Après le service nous mîmes le cercueil dans un char-à-bancs qu’on nous avait prêté, et avec M. Masfrangeas qui nous accompagnait, nous prîmes le chemin de chez nous. Sur la route, à la traversée des paroisses, les sacristains venaient réclamer les droits des curés et les leurs. C’est une chose bien forte, qu’on puisse demander le salaire d’un travail qui n’a pas été fait. Les gens simples comme nous autres, nous trouvions ça injuste ; mais M. Masfrangeas nous assura que les curés étaient dans leur droit, et mon oncle paya, non sans dire que c’était des mendiants.

Devant l’église, chez nous, étaient la demoiselle Ponsie, des parents à nous, venus de Sorges, de Tourtoirac, d’Hautefort, et puis tout le monde du Frau, et des voisins des villages.

Le curé Pinot était là aussi, il fit un autre service et puis, après, nous mîmes la pauvre femme dans une fosse, à côté de la pierre de mon père. Quand tout fut fini, nous nous en fûmes au Frau, avec nos parents qui couchèrent à la maison et s’en retournèrent le lendemain.

En partant, ma tante Françonnette me fit promettre d’aller les voir la prochaine foire d’Hautefort. J’ai-