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III


Ici commence pour moi une vie nouvelle, toute simple, tout unie, réglée par le soleil, les saisons, les époques des travaux de la campagne, le cours naturel des choses, c’est-à-dire une bonne vie paysanne, la meilleure, à mon avis, et la plus saine de toutes pour le corps et l’esprit.

Je ne trouvai pas de grands changements dans le pays ; la Révolution n’avait fait que le toucher un peu, sans le bouleverser. Le maire était changé ; à la place de M. Lacaud, gros bourgeois orgueilleux, qui restait l’hiver à Périgueux, on avait nommé Migot, son adjoint, sur les conseils de mon oncle qui voulait le gagner à la République, en quoi il avait du tout réussi, car Migot, qui, auparavant, ne voyait et ne parlait que d’après M. Lacaud, un philippiste enragé qui ne jaugeait les hommes que sur leur avoir, était devenu un bon républicain : il n’avait fallu pour ça qu’une écharpe à franges d’or. Les hommes sont ainsi, beaucoup du moins, le meilleur gouvernement est celui où ils sont quelque chose. Mon oncle était conseiller, tout bonnement ; il aurait pu être adjoint et même maire, mais il disait qu’il fallait