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Page:Eugène Le Roy - Le Moulin du Frau.djvu/227

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et vint me retrouver devant le moulin, où je causais avec mes cousins de Brantôme et d’autres. Au bout d’un moment, mon oncle, qui revenait de la cuisine dit à un des musiciens qui avait été soldat dans l’infanterie légère :

— Sonne la soupe, Cadet !

Et l’autre se mit à jouer en imitant la sonnerie de la soupe ; mais nous n’y comprenions rien, excepté Lavareille et Estève qui avaient fait leurs sept ans, et nous dirent alors :

— Allons donc manger la soupe.

Le cuvier était bien arrangé, tout crépi de neuf et blanchi au plafond et partout. Par terre, on avait fait une épaisse jonchée de laurière qui lui donnait un air de fête. Quand nous fûmes assis tous, ma foi ça faisait une belle tablée. Ceux qui avaient les soupières en face d’eux servirent la soupe et on se mit à manger de bon goût, car il était déjà midi. Après la soupe, on apporta le bouilli de chez nous : de la velle avec des poules qui avaient le ventre plein de farce jaune. Le bouilli fini, tout le monde fut un peu plus tranquille, car c’était un bon fondement, et on commença à causer entre voisins. Ils étaient quelques-uns, mon cousin Ricou, mon oncle Chasteigner, le fils Roumy, Jeantain de chez Puyadou et Lavareille qui n’oubliaient pas de verser à boire, et avec ça, mon oncle Sicaire les rappelait à leur devoir de temps en temps :

— Hé ! là-bas ! vous ne versez pas à boire ! Tu entends, Lajarthe !

— T’inquiète pas, répondait l’autre, ta barrique y passera : et on trinquait entre voisins.

Après le bouilli on apporta des tourtières pleines d’abattis de dinde, de salsifis et de boulettes de hachis, et en même temps des poulets en fricassée.

Puis après, on servit de la daube de bœuf ; et il n’y avait personne pour la faire comme la nore de